mercredi 10 mars 2010

CAMP DE THIAROYE


Chapitre 15




Gabriel raconte.
Novembre 1944, la guerre n’est pas encore terminée mais l’armée française décide de rapatrier chez eux les tirailleurs sénégalais. Il n’y a pas que des Sénégalais d’ailleurs, aussi des Maliens, des Ivoiriens, Nigériens, etc. On les regroupe dans le Camp de Thiaroye, au Sénégal, avant qu’ils ne rentrent dans leurs pays respectifs. Beaucoup ont été faits prisonniers par les Allemands, certains sortent des camps de concentration. Ils se sont battus au coude à coude avec leurs frères d’armes français. Eux ont déjà touché leur solde, pas les tirailleurs. Au camp de Thiaroye, ils sont en butte au racisme et à la bêtise de certains gradés français qui retrouvent les vieux réflexes coloniaux. On leur retire leurs uniformes militaires et on les désarme. Ils demandent à toucher leur solde avant d’être démobilisés et de rentrer dans leurs pays, comme leurs camarades français. L’administration militaire prétexte des difficultés budgétaires et refuse. Le 30 Novembre 1944, les tirailleurs se mutinent et prennent en otage un général français qu'ils libèrent quelques heures plus tard sur la promesse que la solde va être versée. Le lendemain, avec l'accord de sa hiérarchie, le général fait tirer ses chars et l’artillerie sur les tirailleurs désarmés. Un massacre. Le camp est détruit, trente-cinq tirailleurs sont tués par leurs camarades français dont ils viennent de libérer le territoire. Les survivants doivent enterrer leurs copains et écopent d’une amende. Certains rentrent au pays, sans les primes promises, qu’ils ne toucheront jamais. D’autres purgent jusqu’à dix ans de prison pour rébellion. Moussa n’en a pris que pour deux ans. 
La fin de la guerre et le scandale de Thiaroye
"Le massacre du camp militaire de Thiaroye (Sénégal) est un tabou en France. Comme l’ensemble du dossier des «tirailleurs sénégalais», on n’en parle pas. Même dans l’armée française, on l’évoque avec beaucoup de gêne et de prudence. En réalité, le dossier de Thiaroye est une horreur, un carnage à ciel ouvert, un bain de sang effroyable préparé et exécuté par l’armée française contre leurs collègues africains qui avaient participé activement à la défense du territoire français.
Les documents d’archives sur cette tragédie n’ont pas été faciles à retrouver. Les révélations que nous apportons ici témoignent de l’histoire méconnue des «tirailleurs sénégalais» tués par balles en décembre 1944, parce qu’ils réclamaient simplement leur solde aux autorités françaises.
Tout commence par le retour forcé en Afrique, le 21 novembre 1944, et l’arrivée à Dakar d’un détachement de 1280 tirailleurs sénégalais en provenance de Morlaix (Finistère). Ces soldats français, qui avaient été prisonniers des nazis, venaient d’achever en Europe, une campagne militaire contre l’envahisseur allemand. Plusieurs d’entre eux avaient été arrêtés et torturés par les Allemands pendant qu’ils combattaient dans l’armée française. Une fois la guerre terminée, il s’est posé le problème du règlement des soldes et des indemnités de guerre."
La suite de l'article ici.

Camp de Thiaroye, un film de Ousmane Sembene et Thierno Ndiaye 


L'historienne Armelle Mabon a entrepris un travail d'éclairage sur ces évènements et en faveur d'une réhabilitation de ces tirailleurs. Des pistes par ici

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